Halloween noire

histoire effrayante

Une histoire effrayante qui vous fera frémir! La suite du Cortège d’octobre est enfin dispnible!

30 octobre 2024. Lorsque Marie-Pier reconnut sa maison à la télévision, un nœud se forma dans son estomac. Pour la troisième fois cette semaine, elle sentit une larme descendre sur sa joue. Voir la maison qu’elle avait achetée avec l’homme de sa vie dans un tel état la détruisait. La végétation très haute avait pris le dessus sur la pelouse bien entretenue. Les décorations d’Halloween n’avaient jamais été retirées. Celles qui étaient gonflables étaient déchirées dans le gazon et les citrouilles devaient bien être en décomposition avancée. Tout ça lui rappelait cette nuit horrible où on lui avait tout pris. Malheureusement pour elle, les images de l’amour de sa vie mourant devant elle étaient gravées dans son esprit. Même si une année s’était écoulée, la douleur était toujours aussi vive. Un an… un an déjà qu’elle n’était plus qu’une vulgaire esclave. Sa nouvelle maison : un sous-sol froid sans aucune fenêtre. À chacune de ses chevilles, un énorme boulet de fonte était relié à l’aide d’une chaîne. Ainsi, ses déplacements étaient limités à la longueur de sa table de travail. Celle-ci ne devait pas faire plus de quinze pieds. 

Évidemment, elle dormait à même le ciment. Par contre, comme elle était sans surveillance la nuit, chaque soir, on lui bandait les yeux et on l’immobilisait au sol. Dès les premiers jours, elle avait compris que ses chances de pouvoir s’évader étaient pratiquement inexistantes. Le plan B avait alors germé tranquillement dans son esprit. Pourquoi ne pas en finir? Mais cette fois aussi, ses espoirs avaient été réduits au néant. En fait, c’était précisément pour ça qu’on l’immobilisait au sol chaque soir. Il ne faudrait pas qu’elle se fracasse elle-même le crâne sur un mur! Ses ravisseurs n’auraient plus personne pour les aider! Elle avait donc passé les 362 dernières nuits au sol en sous-vêtements, bras et jambes écartés. Des menottes fixées à des chaînes privaient ses quatres membres de tous mouvements. Ses besoins étaient fait à même le sol. En tenue légère, il y avait moins de risque qu’elle cache un objet sur elle. D’ailleurs, même si Marie-Pier était forcée de ramasser ses matières fécales aux deux ou trois jours, l’odeur ambiante était à vomir. 

En haut des marches, la porte s’ouvrit. Un homme descendit très lentement, comme pour faire durer le suspense. Ses bottes à cap tombaient lourdement sur chaque marche. Pour elle, ça sembla être une éternité. Pour lui, prendre autant son temps semblait l’amuser. Marie-Pier redoutait sa réaction. Elle n’avait pas beaucoup avancé aujourd’hui. En fait, depuis l’approche du premier anniversaire de sa captivité, sa cadence de travail avait drastiquement diminué. En même temps… ils ne pouvaient pas vraiment faire pire… Ils lui avaient dit à de nombreuses reprises que la tuer n’était pas une option. La battre? La torturer? Ils allaient sans doute le refaire, mais elle avait déjà goûté à cette médecine. Par contre, ils ne l’avaient jamais violé. Ils avaient été très clair sur ce point dès le début. L’homme arriva enfin en bas. Depuis déjà plusieurs mois, ils ne portaient plus de masque, ce qui inquiétait au plus haut point la chimiste. Pour elle, ça signifiait qu’ils n’allaient jamais la laisser parler. Soit elle allait rester prisonnière pour toujours, soit ils allaient finir par la tuer… L’air agacé, l’homme brisa la glace lorsqu’il arriva dans le sous-sol. En regardant le fruit du travail de la jeune femme, il lança: 

-C’est tout? J’te rappel que l’Halloween est demain…

La jeune femme fit mine d’être désolée pour ne pas s’attirer d’ennuis. 

-Désolé… c’est quand même beaucoup de temps par bonbon… 

Ça ne fit pas l’affaire de l’homme. Sans prévenir, il saisit sa proie par les cheveux et la poussa au sol. Son genou gauche ainsi que sa tête frappèrent violemment le ciment. Il prit ensuite un pas de recul pour donner un élan à son pied. À deux reprises, il envoya sa botte dans le ventre de sa victime. En se tordant de douleur, Marie-Pier roula sur le dos. La brute lui assena un troisième coup dans les côtes. Enfin, il se pencha en petit bonhomme pour saisir la femme par les cheveux. 

-Accélère! C’est ta dernière journée!

Après quoi, il poussa la tête de Marie-Pier sur le sol. Aussitôt, la jeune chimiste commença à sentir ses cheveux s’imprégner d’un liquide chaud. Sans parler de la douleur qui lui transperçait le crâne et le ventre. Pendant qu’elle gémissait de douleur, l’homme remonta les marches rapidement.  Au bout de quinze minutes, Marie-Pier réussit à s’asseoir. En voyant son flanc, son souffle fut de nouveau coupé. Un tache bleue semblait grossir à vue d’œil. C’était certain, elle avait une côte cassée. Très lentement, elle se plaça à quatre pattes dans l’espoir de se relever, mais abandonna. Elle retomba par terre, accablée par la douleur. 

Sa deuxième tentative fut la bonne. Très chambranlante, elle s’appuya sur sa table de travail et regarda le nombre de sacs de bonbons qu’elle avait réussi à préparer au cours des douze derniers mois. Oui.. il n’y avait aucun doute. Même si ça ne semblait pas être suffisant pour son bourreau, ça serait un carnage. Le nombre de victimes serait épouvantable. Ironiquement, en battant ainsi son esclave, il venait de réduire encore plus sa productivité. À présent, le simple fait d’être debout relevait de l’exploit. Tant bien que mal, elle entreprit de relancer la production.

31 octobre 2024. Pour la première fois depuis son incarcération, l’objectif de cette journée ne fut pas la production. La chimiste fut réveillée aux aurores par l’homme le plus brutal du couple. Pour être plus précis, c’est l’urine froide arrivant dans son visage et sa bouche qui la réveilla. Elle eut même droit à une vue sur le phallus de l’armoire à glace. L’objectif de la journée : détruire et jeter tout le matériel ayant été utilisé au cours de la dernière année. Ils cherchaient à donner du fil à retordre aux enquêteurs. Elle se chargeait de tout mettre dans des bacs de plastique. Si elle brisait son matériel, c’était encore mieux, car tous les bocaux de vitre prenaient moins de place en milles morceaux. Marie supposait que par la suite, les deux hommes se rendraient dans un écocentre… non. Probablement plus dans une décharge ou dans le fond du bois, question de ne pas donner de pièce d’identité à l’entrée de l’écocentre…

1er novembre 2024. Même s’ils avaient passé la soirée de l’Halloween déguisés à répondre et à interagir avec les enfants, le couple semblait tout avoir préparé d’avance pour qu’ils quittent pendant la nuit. Le départ avait finalement eu lieu à 1h du matin. Cette fois-ci, c’est à bord du VUS qu’ils prirent la route. Elle ne le vit pas, mais elle était beaucoup plus à l’étroit dans le coffre. Avec du ruban adhésif sur la bouche et un sac de papier kraft sur la tête, aucune chance qu’elle comprenne quelle serait leur prochaine destination. Fidèles à leurs habitudes, ils s’étaient assurés que Marie-Pier ne soit pas libre de ses mouvements. Elle avait les mains attachées dans le dos et ses chevilles étaient immobilisées l’une contre l’autre grâce à des menottes de fer très courtes. Elle ne sut pas combien de temps ils roulèrent comme ça, car malgré la grosse ecchymose sur son flanc, elle finit par s’endormir. 

-Allez sale garce! Réveille-toi!

Très difficilement, la jeune femme ouvrit les yeux, complètement désorientée. Évidemment, ses chevilles étaient fixées au lit dans lequel elle était couchée. Elle avait toujours son ruban sur la bouche et ses deux poignets étaient reliés du côté gauche du lit. Marie-Pier ne reconnut pas l’endroit. De toute évidence, c’était une chambre de motel crasseux. D’un regard rapide, elle fit le tour de l’endroit. La toile d’araignée face à elle dans le coin du plafond confirma rapidement son hypothèse. Les murs de préfinis en faux bois ajoutaient à l’ambiance glauque. On se serait cru de retour dans son enfance, en plein cœur des années 1990. D’ailleurs, ça lui rappela le sous-sol de leur maison, avant qu’ils se décident à rénover. Une petite télévision noire était allumée sur une chaîne de nouvelles en continu. Même si Marie-Pier avait compris le plan dès le début de son enlèvement, entendre la présentatrice résumer le fil des événements à voix haute était carrément terrifiant. Et le grand titre sur le bandeau dans le bas de l’écran qui indiquait « Halloween noire à Québec : Au moins 46 personnes meurent empoisonnées. » n’avait rien pour dédramatiser, bien au contraire. La femme à l’écran semblait faire un effort considérable pour rester de marbre en relatant les faits.

« Halloween noire à Québec alors que la population est toujours sous le choc à la suite de l’attaque sournoise dont elle a été victime le soir de l’Halloween. Rappelons qu’à la suite de la traditionnelle récolte de bonbons, plus de 40 enfants ont été transportés à l’hôpital, où leurs décès ont malheureusement tous été constatés. Six adultes ont également péri. Selon toute vraisemblance, des friandises empoisonnées en seraient la cause. La police de Québec a émis un communiqué dès que la possibilité que des bonbons empoisonnés soient en circulation est venue à leurs oreilles, mais le mal était déjà fait. Celle-ci poursuit son enquête. Un poste de commandement a été installé sur la rue de l’Alaska, dans l’arrondissement de Beauport. Selon nos sources, les autorités auraient ciblé une maison en particulier, mais refusent de commenter. »

Les larmes se mirent à couler le long des joues de la jeune femme. Elle venait d’assassiner 40 enfants et six parents. Même si elle l’avait fait sous la contrainte, elle était rongée par la culpabilité. Elle aurait même préféré mourir, mais même ça, on lui avait refusé. Alors que la présentatrice parlait de la conférence de presse donnée conjointement par le premier ministre et le maire, sa voix devint de plus en plus lointaine. À travers ses sanglots, Marie-Pier avait l’impression de sombrer. Pendant quelques secondes, tout devint flou autour d’elle. En plus de la douleur d’avoir vu son homme être exécuté et toute la nuit d’horreur qu’elle avait vécue l’année dernière, elle devait maintenant vivre avec le poids de la culpabilité sur ses épaules. C’est une claque d’une violence inouïe qui la ramena dans le monde réel. En effet, le plus jeune de ses ravisseurs (celui qui avait incarné Thanos) la frappa directement sur la gale qu’elle avait derrière la tête. Une fois de plus, elle eut l’impression qu’un choc électrique traversa son cerveau. 

-Compte-toi chanceuse, l’heure est venue. On va enfin te rendre ta liberté. 

Sa liberté? C’était impossible. Même si Marie voulait redevenir enfin libre, elle ne comprenait pas pourquoi ces deux brutes accepteraient sans condition de la laisser aller. Ils n’allaient assurément pas prendre le risque qu’elle parle… C’est à ce moment-là que l’autre homme, le barbu, lança une phrase qui n’avait absolument rien de rassurant.

-Avant, on va seulement prendre quelques… dispositions. Tu comprends, on ne voudrait pas que tu commences à trop parler juste au moment où l’on veut disparaître…

Sur ces paroles plutôt inquiétantes, ce dernier s’approcha lentement, couteau de cuisine à la main.

2 novembre 2024. Hôpital de Beauceville. Suzie, 39 ans, regarda l’heure sur son téléphone. Pfff… Il était déjà l’heure d’y retourner. Elle se releva et se dirigea vers le mur pour y éteindre sa cigarette. Sa pause était vraiment passée trop vite. C’est à ce moment qu’une voiture arriva en faisant crisser ses pneus. L’urgentiste se retourna pour voir un gros VUS. Les vitres étaient teintées. Très rapidement, la porte d’en arrière s’ouvrit et on projeta violemment quelqu’un sur l’asphalte. Après quoi, la porte se referma et le véhicule repartit encore plus vite. Fait très étonnant, il n’avait aucune plaque d’immatriculation. 

Suzie se précipita vers la femme qu’on venait d’abandonner. Malgré ses chevilles attachées ensemble et ses mains immobilisées dans son dos, elle se tordait de douleur. Sa bouche était grande ouverte, mais seulement quelques sons timides n’en sortaient. L’urgentiste se mit à crier en direction des portes de l’urgence. 

-À L’AIDE! Ça me prend une civière! Un infirmier plus jeune vint voir ce qui se passait. Alors qu’il regardait la scène, abasourdi, elle s’impatienta.

-NATHAN TABARNAK! UNE CIVIÈRE! VITE!

Cette fois-ci, il obtempéra et retourna à l’intérieur. Suzie examina la malheureuse. Elle sortit ses clés pour défaire les liens à ses chevilles, puis à ses poignets. Et merde… Il lui manquait plusieurs doigts… À gauche, elle n’avait plus que le pouce et le petit doigt. Les autres avaient été tranchés avant la première phalange. Sa main droite n’était pas mieux. Il ne lui restait que l’annulaire et le petit doigt et ils tremblaient. D’une couleur bleue, ils étaient très raides. De toute évidence, ils avaient reçu beaucoup de coups. La jeune femme recommença à gémir difficilement. L’urgentiste se questionna sur le bruit qu’elle émettait avec sa bouche. Pourquoi ne pouvait-elle pas crier de façon plus convaincante? En regardant dans la bouche de la femme, Suzie eut le souffle coupé. Sa langue avait aussi été tranchée. La femme ne parlerait plus jamais… Et c’est là qu’elle la reconnu… c’était la femme qui, avec son conjoint, avait été victime d’une invasion de domicile l’année dernière à Québec. Son chum et ses amis avaient tous été tués, mais elle avait été enlevée et on ne l’avait jamais revue.

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